Frustration et déception pour David Dieulangard

David DieulangardAu volant de sa Porsche 997 GT3 Cup, David Dieulangard est montée à plusieurs reprises sur le podium cette saison. « C’est ma pire saison depuis mes débuts », en quelques mots, David Dieulangard livre ses sentiments sur une saison qui n’a pas répondu à ses attentes. Pourtant, le pilote de Saint-Nazaire n’a pas démérité, signant de très bons chronos au volant de sa Porsche 997 Cup, des performances qui lui ont permis à plusieurs reprises d’accéder au podium.

C’est au volant d’une Clio qu’en 2009, David Dieulangard disputait ses premiers slaloms. Le pilote originaire de Saint-Nazaire ne tardait pas à devenir une référence dans cette discipline où, à quatre reprises, entre 2010 et 2013, il était sacré Champion de France.

L’année 2012 le verra faire ses premières apparitions en Course de Côte, toujours avec la même réussite puisque, deux années consécutives, il s’imposait en Groupe A sur la Finale de la Coupe de France. David aurait pu prétendre s’illustrer de la même manière dans la catégorie Sport, si un handicap de taille ne le pénalisait pas. Comme il le confie lui-même, difficile de rentrer ses 1m92 dans le cockpit d’une Formule Renault. C’est donc du côté du Championnat Production qu’il devenait rapidement l’un des hommes forts du Championnat.

Vice-champion de France 2014  
2014 sera pour David l’année de la consécration. Dominateur en Groupe A au volant de sa Seat Léon Supercopa, il se permettait même le luxe d’occuper la tête du Championnat Production à mi-saison. Au final, c’est un titre de Vice-champion de France qui allait lui échoir, assorti d’un Trophée FFSA du Groupe A : « Ce fut pour moi la saison parfaite. Sur dix participations je m’impose à neuf reprises, et même si, pour des raisons personnelles, j’ai dû faire l’impasse sur deux manches du Championnat, le résultat est très largement positif », commente David. « De plus, en fin d’année, j’ai participé aux FIA Hill Climb Masters, ce qui m’a laissé un fabuleux souvenir. »

En 2014, David avait terminé 2ème du Championnat Production. Ces résultats plus que probants ne pouvaient que l’inciter à franchir le pas, et à se tourner vers la catégorie supérieure, le GTTS : « J’ai acquis une très bonne maitrise de la Supercopa, et j’estime avoir réellement progressé durant cette année 2014, il me paraissait donc logique de tenter l’aventure GTTS », confie David. « Pour être tout à fait honnête, cela faisait un ou deux ans que j’avais envie de rouler avec une plus grosse auto, mais je n’ai pas voulu griller les étapes. »

David avoue avoir cogité quelques temps avant de porter son choix sur une Porsche 997 GT3 Cup. Mais finalement la belle allemande dispose de sérieux atouts qui allaient retenir son attention : « On cherchait avant tout une voiture performante, qui nous permettrait de jouer la gagne, mais qui également en termes d’entretien et de réglages n’était pas d’une incroyable complexité. La Porsche a un autre avantage, c’est une voiture prisée, qui devrait logiquement trouver acquéreur si nous avions décidé de passer à autre chose », explique-t-il. « Après, Porsche reste un mythe, et pouvoir rouler au volant d’une Porsche en compétition, c’était un rêve qui se concrétisait. »

2015, l’année de transition
Avant de prétendre disputer le titre, David Dieulangard souhaitait réellement cerner le maniement de sa nouvelle monture. C’est ce qui le motivait à ne prendre part qu’à six manches du Championnat de France durant la saison 2015 : « Nous n’avons eu la voiture à disposition qu’à la fin du mois de mars. Ça laisse peu temps pour mener à bien quelques essais sur circuit, peaufiner les réglages, et mettre en place la logistique nécessaire pour assurer mes participations au calendrier que je m’étais concocté. »

Au terme de ses six épreuves, le bilan était largement positif : « Excepté une déconvenue à Saint-Gouëno, où je sors par excès d’optimisme en voulant être dans le rythme plus tôt que prévu, pour le reste tout s’est bien passé. En fin d’année, je signe des résultats plutôt encourageants, en me rapprochant au plus près de Nico Werver. »

Le Challenge Open GTTS/2 comme objectif
Si la saison 2015 apportait à David son lot de satisfactions, il restait tout de même conscient qu’il allait encore devoir travailler sur sa Porsche pour accroitre sa compétitivité : « Début 2016 je me suis retrouvé confronté à deux problèmes. D’une part la voiture ne répondait pas encore totalement à mes attentes, et d’autre part, mon emploi du temps m’interdisait de participer à l’intégralité du Championnat. D’où mon choix de repartir sur huit épreuves dans le cadre d’un Challenge Open. »

En début de saison, David pouvait afficher de légitimes prétentions. C’est à Saint-Jean-du-Gard que cette année David faisait sa première apparition de la saison. Mais comme beaucoup d’animateur du GTTS, il se fera pénaliser par une météo peu clémente : « Je suis forcément déçu. Quand tu fais un tel déplacement, sur le tracé que j’affectionne certainement le plus, et que le résultat n’est pas là, c’est frustrant. Le seul point positif, c’est d’avoir pu engranger des enseignements sur le comportement de la voiture sous la pluie. »

Le dénouement de la Course de Côte d’Hébécrevon restera à n’en pas douter dans les annales. Deuxième, David termine à seulement 18 millièmes de secondes de la Lamborghini de Philippe Schmitter, mais devance Nicolas Werver de 18 millièmes : « Mon premier sentiment fut une grosse déception de louper la victoire de si peu. Après, j’ai réalisé que c’était la première fois que je devançais Nico (Werver), et c’est tout de même un vrai motif de satisfaction. Je ne me suis jamais caché que mon but en arrivant en GTTS, était de viser la victoire, et de devancer celui qui était la référence. Donc même si je termine deuxième, je suis très content du résultat. »

David mettra à profit la Course de Côte de La Pommeraye pour signer son premier succès en GTTS. Victoire de groupe, mais pas au classement Production où il devait lutter avec les animateurs du Groupe FC, qui bénéficiaient eux d’une route sèche. David termine toutefois au deuxième rang, à l’issue d’une course pour le moins compliquée : « En définitive, c’est un peu ce qui sauve ma saison. Samedi, dès les essais, je me suis senti à mon aise dans l’auto. Dimanche, la Porsche s’est vraiment hyper bien comportée sous la pluie, et au final je suis ravi de mon chrono. Pour le reste, je suis évidemment déçu de ne pas avoir pu m’imposer en Production, mais il était impossible de lutter face au Groupe FC qui ont pu évoluer sur le sec. »

Par la suite, David Dieulangard allait connaitre à Saint-Gouëno son premier coup dur de la saison : « J’avais d’excellentes sensations lors des essais, et en course je suis victime d’une touchette insignifiante mais qui endommage mon radiateur. C’est de la malchance, ça m’oblige à abandonner, et avec le recul je sais que ce fut le coup dur de la saison. »

Même si les dommages restaient modérés, David vivra mal le fait d’avoir causé quelques dégâts à sa Porsche. L’abandon à Saint-Gouëno stoppait l’élan impulsé jusqu’alors, et c’est dans un état d’esprit assez éloigné de la course qu’il se présentait à Marchampt en Beaujolais : « Je n’étais pas dans les bonnes dispositions pour disputer cette épreuve. Cela s’est rapidement ressenti sur les chronos. C’est certainement ma plus mauvaise prestation de la saison », reconnait David qui se classe au sixième rang.

Sous la pluie, la Porsche s'est particulièrement bien comportée. Avant de rejoindre le Mont-Dore, David effectuait une séance d’essais sur circuit, avec pour principale préoccupation d’engranger des kilomètres : « J’avais besoin de rouler, je ne pouvais pas continuer comme ça. » Ces essais seront bénéfiques, puisque David allait, dans le Massif du Sancy, retrouver le podium, en terminant troisième d’un triplé de Porsche : « Je suis globalement content du résultat, d’autant que j’ai abordé ce rendez-vous prudemment, et que j’ai pu améliorer sur chacune des montées. Il est clair que j’aurais préféré terminer mieux que troisième, mais je suis content du ressenti, et d’avoir su appréhender intelligemment cette course. »

Malheureusement pour David, le regain de performances enregistré au Mont-Dore ne se confirmera pas à Chamrousse, où il était victime d’une nouvelle touchette, qui entrainait un nouvel abandon : « C’est l’erreur de trop ! Commettre des boulettes, faire une petite connerie, je peux admettre, mais sortir à Chamrousse qui est ma course fétiche, je n’arrive toujours pas à le croire », avoue David, qui reconnait que cette erreur est le cumul de plusieurs paramètres : « D’une part je n’étais pas vraiment au mieux, et d’autre part la répartition de freinage n’était pas adaptée… Sur un freinage, je pars en tête-à-queue et je tape le talus. La saison s’est arrêtée là », se désole-t-il.

Si le choc n’affectait pas la mécanique, en revanche, échappement, boucliers arrière et avant et la géométrie avaient subi d’importants dommages. Un choc qui allait avoir des conséquences non seulement sur le budget de David, mais également sur son moral. Deux bonnes raisons qui l’empêcheront d’être à Turckheim, épreuve initialement prévue à son calendrier.

« Ma pire saison depuis mes débuts » Difficile pour David de trouver des points positifs à cette saison, car s’il a pu montrer qu’il disposait du matériel pour s’imposer, il n’a pas été en mesure de concrétiser sur le terrain : « L’objectif initial était de remporter le Challenge Open GTTS/2. Ça n’a pas été le cas, et pour tout dire, depuis que j’ai débuté en 2009, j’ai vécu cette année ma pire saison. Je me suis rendu compte en fin d’année, que lorsque tu es accaparé par ta vie familiale et professionnelle, c’est difficilement conciliable avec la pratique de ta passion. Pour être performant il faut être totalement immergé dans la course, et en ce qui me concerne, j’avais par moment l’esprit ailleurs. C’est le genre de chose qui te fait commettre des erreurs, des erreurs que je n’avais jamais commises dans le passé », analyse David.

Didier, le père de David, est totalement impliqué dans l'aventure. « Sur le papier, nous disposions en début de saison de tous les atouts pour aller chercher des victoires, mais par manque de temps, j’ai cumulé les erreurs tant dans la préparation des courses que sur les épreuves. Alors je pourrais me défausser en évoquant le fait qu’une Porsche Cup est certainement plus difficile à mener que les autos avec lesquelles j’ai évolué précédemment. Mais le pilotage et l’approche de la course doivent être les mêmes que tu sois derrière le volant d’une Porsche ou d’une Clio. Cette saison je n’ai pas préparé les courses comme j’aurais dû le faire et cela s’est ressenti », analyse-t-il en toute lucidité.

Le temps de la réflexion
David Dieulangard veut se laisser le temps de la réflexion avant d’envisager un programme sportif pour 2017 : « Je veux analyser et tirer les leçons de mes déconvenues de cette année. Je veux avant tout décanter tous les à-côtés de la course, et je pense qu’en début d’année prochaine j’aurai une meilleure visibilité sur mes priorités. En fonction de cela je prendrai une décision. »

Si les performances ne sont pas à la hauteur des espérances de David, il ne peut occulter qu’à plusieurs reprises il est monté sur le podium du Production, et qu’il a fait jeu égal avec le sextuple Champion de France, Nicolas Werver. Ces performances de tout premier ordre, il les partage avec ceux qui ont été à ses côtés : « Je tiens à remercier la société Stelia, Caen Echafaudages et le Centre Porsche RMS à Vannes. Un grand merci également à l’Ecurie du Mené, dont les membres m’ont suivi sur la majorité des épreuves et qui organisent avec toujours autant de brio la Course de Côte de Saint-Gouëno, et bien évidemment un grand merci à ma famille, avec en tout premier lieu mon père, sans qui cette aventure n’existerait pas. »